jeudi 24 mars 2022

Comment se protéger d'un pervers narcissique?

 

Phrases assassines, culpabilisation ou dévalorisation… si vous subissez ces tentatives de déstabilisation au quotidien, vous êtes peut-être victime d’un pervers narcissique. Comment démasquer ce manipulateur et comment s’en débarrasser?

Il n'est pas facile de reconnaître le manipulateur ou le pervers narcissique au premier regard. Car ce vampire affectif commence par cacher son jeu, surtout dans un cadre amoureux. Voici dix conseils pour vous protéger de ces personnes toxiques.

Identifier le pervers narcissique

Attention à ne pas coller trop vite l’étiquette « manipulateur » sur le premier chef exigeant ou au moindre conflit amoureux. Pour être certain d’avoir affaire à un pervers narcissique, celui-ci doit répondre à un certain nombre de critères. Les plus courants sont la séduction, le double langage, la jalousie, le refus systématique de reconnaître ses torts. Il s’exprime en termes volontairement flous, sème la zizanie, ou encore dévalorise ou critique sans en avoir l’air.

Ne pas montrer ses émotions

Le manipulateur se nourrit de nos émotions. Si on pleure, crie, il a gagné, prévient Christel Petitcollin, formatrice en développement personnel et auteure de Échapper aux manipulateurs. Cette attitude posée requiert une certaine maîtrise de soi, d’autant que nous sommes des êtres animés de sentiments. Mais rien ne déstabilise plus un manipulateur qu’une réaction calme. S’il sent qu’il n’a pas de prise, il bat en retraite. Respirez profondément avant de lui répondre ou opposez-lui le silence.

S’en tenir à des conversations superficielles

Le pervers narcissique ne changera pas. Il faut par conséquent faire le deuil d’une relation riche et profonde avec ce type d’individu, qu’il agisse dans la sphère privée ou professionnelle. Un deuil d’autant plus douloureux lorsqu’il s’agit de l'amour maternel. Anne, 38 ans, en a fait l’expérience. Après trente ans à subir la dévalorisation permanente de ma mère – je n’étais jamais assez belle, mes amoureux ne me méritaient pas, etc. – j’ai finalement compris qu’il fallait changer. Depuis que je m’en tiens à des discussions sur la pluie et le beau temps, sans jamais livrer quoi que ce soit de personnel, elle ne m’atteint plus.

Une fois que l’on a compris à qui on a affaire, et s’il est impossible de couper totalement les ponts, il faut s’échiner à rester en surface, en ne laissant jamais dériver les conversations sur son intimité, confirme Christel Petitcollin.

Noter les faits par écrit

La seule façon de contrer un pervers narcissique est de noter systématiquement tout ce qui a été promis ou dit, recommande Christel Petitcollin. Non seulement cela permet de garder des traces et de se couvrir, mais aussi de se rassurer quant à sa possible paranoïa. Par exemple, lorsqu’un ordre est donné dans un couloir, reformulez l’échange dans un courriel: suite à notre conversation, je vous confirme avoir compris que vous souhaitiez, etc. Idem dans un contexte plus personnel: envoyez des courriels ou des SMS.

Répondre aux attaques d'un manipulateur sans se justifier

Le pervers narcissique se distingue par sa capacité à rejeter les torts sur l’autre. Même s’il a été le premier à hausser le ton, il accuse un tiers d’avoir commencé. Difficile de résister à l’envie de se défendre. Oubliez les réponses telles que « mais je n’y suis pour rien, ça n’est pas vrai, tu mens… ». Le pervers narcissique se fiche de la vérité. Renvoyez-le à ses contradictions.

  • Répondez par exemple à ce collègue qui vient de mettre en cause votre professionnalisme ou à un énième grief de votre conjoint sur votre manque d’attention: «Qu’entends-tu par là?», « Peux-tu m’expliquer pourquoi tu viens de me dire cela?», «Je te déprime, c’est bien cela que tu me dis? »
  • Autre phrase magique proposée par Christel Petitcollin: « Si tu le dis, c’est ton avis, tu as le droit de le croire. »
  • Ou encore, après n’importe quelle attaque: «Personne n’est parfait.» Une façon de mettre un point final aux reproches sans tomber dans le piège d’une justification vouée à l’échec.

Utiliser la technique du disque rayé

Il s’agit de préparer en amont trois ou quatre phrases maximum à l’intention de la personne manipulatrice et que l’on répétera si besoin est en boucle.

  • À un collègue qui essaie de vous refiler son boulot: «Toi qui es si gentil/si compétent, tu vas bien m’aider à finir?», répondez: «Je te remercie de ta confiance mais je n’ai absolument pas de temps à consacrer à ce travail qui t’a été confié. J’ai moi-même quelque chose à terminer pour demain.» « Mais ça ne te prendra que quelques minutes. » « Je n’ai absolument pas de temps à consacrer à ce travail, qui je te le rappelle, t’a été confié. Je suis moi-même sur une mission urgente.»
  • Ce conseil vaut dans le cas d’une rupture: «J’ai bien réfléchi, je ne t’aime plus, j’ai décidé de te quitter et ma décision est irrévocable.» Des mots simples, des formulations directes, que l’on peut réitérer à chaque objection de la personne concernée. Ce qui peut donner à peu près cela en termes de dialogue: « Mais tu ne peux pas me quitter, après tout ce que j’ai fait pour toi.» «J’ai bien réfléchi, ma décision est irrévocable.» «Je ne te laisserai pas me faire ça, je vais faire de ta vie un enfer. » «J’ai bien réfléchi, je ne t’aime plus… »

Numéroter ses réponses

Toujours dans la même idée, ayez recours à la numérotation. Prenons l’exemple des fêtes de fin d’année, auxquelles on décide de ne pas se rendre, lassée d’entendre encore une fois que l’on a grossi ou que nos enfants sont mal élevés. À la première invitation, dire calmement à sa mère: « Maman, nous sommes d’accord tous les deux, nous ne viendrons pas cette année à Noël, nous avons d’autres projets.» Puis, au prochain coup de fil où votre mère fera comme si elle n’avait pas entendu: «Maman, pour la deuxième (ou troisième, ou dixième) fois, nous ne viendrons pas cette année à Noël.» Cette façon de faire permet de signifier que vous n’êtes pas dupe, que vous avez remarqué la volonté de l’autre de ne pas entendre, mais que vous n’en faites pas cas.

Le confronter, oui, mais en public

Le pervers narcissique se caractérise par un double langage et des actions en douce. Il tire sa force de cette duplicité et parvient à déstabiliser ses victimes en agissant sans témoin. D’où la nécessité, dans la mesure du possible, de régler ses comptes avec lui en présence d’un tiers. Au travail, cela peut être un représentant du personnel. Dans le cadre conjugal, un médiateur ou un proche. En famille, en impliquant un autre parent.

S’entourer

Les victimes de pervers narcissiques se retrouvent souvent isolées. Parce qu’elles perdent confiance en elles, bien sûr, mais aussi parce que leur bourreau effectue un travail de sape souvent très efficace auprès des proches. «L’entourage est déterminant dans ces circonstances. C’est en renouant avec des personnes dénuées de malveillance, que l’on retrouve un équilibre et que l’on puise la force de s’en sortir», assure Christel Petitcollin.

Travailler sur l’estime de soi

Si tout le monde est manipulable et qu’il n’est pas question de se culpabiliser d’avoir été sous l’emprise d’un manipulateur, il peut être utile de chercher à comprendre ce qui, dans notre comportement, a pu laisser la porte ouverte à ce type d’individu. Il y a souvent comme dénominateur commun un déficit d’estime et d’affirmation de soi. Un travail comportementaliste visant à apprendre à poser des limites, à devenir ami avec soi-même, en quelque sorte, peut aider à ne pas retomber dans le piège.

Source : https://www.santemagazine.fr/psycho-sexo/psycho/comment-se-proteger-dun-pervers-narcissique-172276

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire