En effet, il est aujourd’hui prouvé que la musicothérapie (soigner avec
la musique) permet de :
1) guérir
certains problèmes psychiques : certaines musiques peuvent réduire
l’anxiété, l’insomnie, la dépression, l’autisme, la schizophrénie et améliorer
l’humeur;
2) guérir
certains problèmes physiques : certaines musiques peuvent améliorer la
qualité de vie des personnes souffrant de la maladie de Parkinson, soulager les
douleurs, augmenter les performances sportives, réduire les nausées et les
vomissements postopératoires, diminuer les symptômes de la sclérose en plaques,
améliorer l’état des personnes souffrant de problèmes cardiaques et de la
fibrose kystique;
3) Des chercheurs
ont même constaté, en 1993, que les enfants qui passaient un test de QI après
avoir écouté une sonate de Mozart avaient un meilleur score. La musique les
avait rendus plus intelligents. Cette découverte a été publiée dans la revue
scientifique Nature.
Expériences médicales réelles avec la musique
Voici un exemple concret des effets de la musique, rapporté par le
neurologue britannique Olivier Sacks :
« Un de mes patients, le docteur P., avait perdu la capacité
d’identifier les objets, même les plus communs, alors que son acuité visuelle
était parfaite. Il ne pouvait pas reconnaître le gant ou la fleur que je lui
présentais; un jour, il prit même sa femme pour un chapeau! Cette situation
était évidemment très handicapante, mais il découvrit qu’il pouvait se livrer à
ses tâches domestiques dès lors qu’il les organisait sous forme de chansons.
Ainsi avait-il une chanson pour s’habiller, une autre pour ses repas, sa
toilette, etc. Une chanson pour chaque geste de la vie
quotidienne. Certains de mes patients, victimes d’une attaque cérébrale ou
souffrant d’Alzheimer, sont incapables d’enchaîner des gestes présentant une
certaine complexité, comme s’habiller. Dans ce cas précis, des paroles en vers
avec des rimes peuvent agir de façon mnémonique (un, deux, trois, j’enfile mes
bas, par exemple) ».
Le castrat Farinelli sut guérir par son chant le roi Philippe V
d’Espagne, qui souffrait de dépression nerveuse. Aucune médecine n’était venue
à bout de sa mélancolie qui l’empêchait d’assumer ses responsabilités royales.
Lorsque Farinelli chanta pour lui la première fois, il reprit goût à la vie. Et
le roi le fit ainsi chanter chaque jour, recouvrant ainsi peu à peu la santé.
Comment la
musique agit
Pour expliquer cet effet de la musique, il faut revenir au
fonctionnement de notre cerveau. Bien que nous ayons l’impression d’être en
train de penser en permanence à quelque chose, la réalité est que les pensées
conscientes qui nous remplissent la tête ne sont la plupart du temps que des
choses simples, frivoles, et sans utilité. « Quelle belle voiture; j’ai
trop mangé; il m’énerve celui-là; ce siège est trop dur; je m’ennuie… »
Parfois, lorsque nous nous concentrons, nous pouvons mener une réflexion
plus complexe, comme résoudre un problème de mathématiques. Mais même la plus
compliquée des équations de Einstein n’est qu’une opération mentale simple et
grossière à côté des incroyables calculs que notre cerveau exécute, en
permanence, sans que nous en soyons conscients, pour nous permettre par
exemple :
·
de circuler à pied dans une foule mouvante en évitant tous les obstacles
et sans tomber;
·
de parler de façon intelligible, en articulant tous les sons comme il
faut;
·
de frapper une balle et de marquer un but ou un panier.
Prenons le cas du cerveau du joueur de billard. Il est capable, et c’est
tout à fait stupéfiant, de déterminer comment frapper dans une boule avec
l’angle, la force, le mouvement rotatif nécessaires pour la mettre dans le
trou, après plusieurs rebonds. Pourtant, ce même joueur ne pourrait jamais
décrire son geste avec des mots, et encore moins poser les équations
mathématiques décrivant la trajectoire de la boule.
On utilise souvent le mot instinct, pour décrire ce prodige, mais
c’est parce que l’on ignore souvent que la partie inconsciente de l’activité de
notre cerveau est infiniment plus riche et développée que celle dont nous avons
conscience. Ainsi, notre cerveau contrôle en permanence nos processus
physiologiques. Il commande la digestion, le système immunitaire, le
fonctionnement des reins, du foie, de la rate et du pancréas… sans que nous en
ayons la moindre conscience. Même en faisant un intense effort sur nous-mêmes,
nous ne saurions maîtriser par exemple les mouvements de notre estomac, ou
ordonner à notre système immunitaire de détruire tel microbe ou telle cellule
cancéreuse (enfin, certaines spiritualités affirment qu’elles en sont capables,
mais disons que cela ne paraît pas possible à la plupart d’entre nous).
C’est là notre drame : notre cerveau conscient, les pensées
conscientes que nous sommes capables de générer volontairement dans notre tête,
n’ont que TRÈS
PEU D’INFLUENCE sur les fonctions complexes de notre corps.
Bien que ce soit notre cerveau qui les coordonne, notre volonté intervient très
peu. Plus surprenant encore : notre volonté en elle-même n’arrive même pas
à agir sur nos sentiments! Si nous sommes en colère, timide, jaloux, impatient,
amoureux, déprimé, nous avons beau nous répéter à nous-même « arrête tout
de suite! » ou « tu dois changer maintenant! », ça ne sert en
général à RIEN.
Et c’est là que nous revenons à la musique, et à son incroyable pouvoir.
Plus puissante
que notre volonté
Alors que, depuis des millénaires, les hommes ont constaté comme nous
que leur volonté consciente ne peut rien, ou presque rien, pour guérir une
maladie du corps ou de l’âme, ils ont constaté qu’il en allait autrement pour
les sons. Le simple fait de taper dans les mains peut modifier l’état d’esprit
d’une personne, provoquant une excitation soudaine, l’envie (le besoin!) de
danser par exemple, ou l’exaltation si toute une foule se met à applaudir
devant vous.
Mais les effets de la musique vont plus loin, beaucoup plus loin. Jouer
certaines notes, dans un certain ordre, a le pouvoir de provoquer joie,
tristesse, détente, agressivité, rage, rire, espoir, inquiétude, je pourrais
continuer à l’infini. La musique, pénétrant directement dans les circuits
neuronaux les plus complexes et les plus inconscients de notre cerveau,
influence notre état d’esprit mais peut aussi réguler directement notre
respiration, notre rythme cardiaque, nos fonctions motrices, et peut-être même
agir sur les fonctions comme la digestion, l’immunité, etc., ce qui
expliquerait ses effets thérapeutiques.
Les Égyptiens connaissaient l’harmonie des corps et les soignaient par
la musique. Ils savaient que la beauté des arts contribuait à rendre au malade
sa propre beauté, manifestation de l’harmonie retrouvée. La maladie était
comprise comme un déséquilibre vibratoire que la musique pouvait à elle seule
corriger.
Chez les Grecs, la musique était enseignée en même temps que la
médecine. Pythagore, philosophe et mathématicien grec, créa par les sons toute
une méthode qu’il nommait « purification » afin de soigner les
malades. Pour cela, il inventa des remèdes qui devaient réprimer ou expulser
les maladies du corps comme celle de l’âme. Il composait des musiques destinées
à corriger les états de l’âme. Le philosophe latin Jamblique, dans sa Vie
de Pythagore, rapporte : « Par l’usage des seuls sons
musicaux, sans accompagnement de paroles, Pythagore effectuait la guérison des
passions de l’âme ainsi que de certaines maladies ».
Les Chinois, les Hindous signalent aussi par leurs témoignages les
effets curatifs du son et de la musique.
Elle semble avoir des effets magiques
L’effet de la musique sur l’homme est si puissant que les hommes
l’attribuèrent d’abord aux esprits ou aux dieux. La musique est toujours, et
avant tout, religieuse : religieuse parce que permettant à l’homme de
communiquer avec un monde invisible. Dans la Bible, le jeune berger David est
appelé au chevet du roi Saül, souffrant : « David fut appelé auprès
du roi Saül pour calmer ses états de crise. Car l’esprit du Seigneur s’était
retiré de Saül et un mauvais esprit lui causait des terreurs… David pour le
calmer prenait la cithare, et il en jouait. Alors Saül allait mieux, et le
mauvais esprit s’écartait de lui ».
Mais la musique est aussi religieuse au sens propre du terme, qui est de
« relier » les hommes entre eux. Les hommes éprouvent souvent les
mêmes sentiments en écoutant une même musique. Ils ont l’impression de
« communier », de ne plus former qu’un seul corps, et cela est vrai
des moines chantant du grégorien dans un monastère comme des participants d’une
moderne rave-party dans un champ agricole breton, des soldats d’une armée
marchant au son du fifre et du tambour, ou encore d’une tribu africaine dansant
autour d’un tam-tam.
Avec le temps, la musique se perfectionna. Les hommes apprirent à
combiner de mieux en mieux rythmes, mélodies (succession de notes formant une
phrase musicale), harmonie (son produit par plusieurs notes jouées en même
temps), nuances (fort ou doux) et timbres (sons particuliers des instruments,
produisant des effets différents), pour produire les effets les plus variés sur
leur auditoire et sur eux-mêmes.
Source : Jean-Marc Dupuis, https://www.santenatureinnovation.com/un-prodigieux-moyen-daller-mieux-1/