jeudi 9 juin 2022

Le bonheur est un état, pas une imposition

De la souffrance auto-infligée et la douleur comme vertu à l’état de bonheur permanent comme condition requise pour vivre. De plus en plus de messages nous parviennent pour nous rappeler à quel point nous devons être heureux, car toutes les choses dont on dispose sont un cadeau dont il faut profiter.

Être optimiste, c’est une qualité extrêmement utile pour faire face à de nouveaux changements ou offenses pouvant se présenter à nous dans la vie; or, être positif n’est pas suffisant. L’optimisme extrême peut s’avérer tout aussi nocif que le pessimisme extrême, surtout car l’imposition de ce type d’optimisme perpétuel peut en démoraliser certains.

La dictature de l’euphorie mène les personnes qui souffrent à avoir honte. Dans cet article, nous allons tenter de comprendre quels sont les aspects simples à détecter pour faire la différence entre dictature du bonheur et cohabitation démocratique de diverses émotions, dont le bonheur.

« Être heureux, c’est toujours avoir quelque chose à faire, quelqu’un à aimer, et quelque chose à espérer. »

Thomas Chalmers

Le bonheur et la publicité

Le bonheur est soutenu à de nombreuses occasions par un support de grande échelle : la publicité. On nous dit tout ce que l’on doit acheter, tout ce que l’on doit faire, tous les livres de développement personnel que l’on doit lire pour être heureux. Seuls les gens beaux, sains et heureux ont leur place sur les pages des revues et ont du succès.

Ces gens beaux, heureux et éternellement souriant nous font entrevoir notre « amertume ». Il serait pourtant intéressant d’acheter ou de faire ce qu’ils font et disent pour être plus heureux. Moi, triste comme je le suis… je ne trouve pas ma place au sein de cette société.

« Mon bonheur consiste à savoir apprécier ce que j’ai et à ne pas désirer excessivement ce que je n’ai pas. »

Leon Tolstoï

Quelle devrait être la posture adéquate? Acheter simplement ce dont on a besoin et ce qui correspond à notre caractère ainsi qu’à notre situation financière tout en assumant que ce sont des plaisirs temporels mondains, que les gens heureux ne s’obstinent pas à montrer leur bonheur, et qu’entre ce qu’ils nous montrent et la réalité, il y a un long chemin.

Il s’agit de se divertir avec certains messages, mais de ne jamais les considérer comme vrais. Nombreux de ces messages de « beauté » ont conduit à des maladies comme l’anorexie ou la boulimie. Avec le modèle de bonheur, on ne permet pas que cela arrive, on vit notre vie naturellement.

Être heureux, ce n’est pas avoir aucun problème

Le bonheur est un état, un instant que peut nous offrir la vie en son nom, à tout moment et en toute circonstance. Penser que les moments heureux ne peuvent être vécus que dans des circonstances idéales, c’est nier la grandeur du bonheur un jour de pluie, gris et quelque peu gênant, mais aussi hypnotique. Vous ne savez pas quand surgira un moment heureux dans votre vie, et nous ne savons pas non plus si une situation non désirée va émaner un moment heureux. Ce qui est sûr, c’est qu’une attitude ouverte ne nous fera rien perdre de positif.

Le bonheur de réussir à accepter toutes mes émotions

Aujourd’hui plus que jamais, nous médicalisons nos émotions. Si elles sont tristes, on les considère comme intolérables et on peut les écarter le plus possible de notre existence. Si elles sont heureuses, on veut les stimuler et les étendre jusqu’à l’exténuation, et ce en ignorant pourtant la caractéristique fondamentale d’une émotion : généralement, elle est intense, en plus d’avoir un caractère temporel.

On veut que notre esprit nourrisse le positif et pénalise et expulse le négatif. Comment pourrait-on alors faire la différence entre un état qui est agréable et un état qui ne l’est pas? Qu’en aurait-il été de notre survie si nous n’avions eu aucun souvenir négatif? Comment aurait-on évolué en tant qu’espèce et en tant qu’êtres humains?

On doit s’analyser comme des personnes complexes et capables de renfermer diverses émotions. Que toutes les émotions viennent à nous et qu’on les laisse nous embrasser, c’est la seule façon de vivre avec plénitude. Si on admettait nos sentiments d’euphorie, on finirait avec une indigestion.

Le bonheur que l’on s’impose à nous-même sans idéaux est désespérant

Il n’existe pas de lutte ou de rêve qui n’implique pas dévotion et renoncement. Même si, parfois, notre rêve nous passionne et motive en nous ce renoncement, on ne le comprendra pas ainsi, mais comme une façon d’avancer. Cependant, on devra bel et bien laisser au second plan certains aspects importants pour atteindre un but supérieur.

Autrement dit, il est tout à fait logique de vouloir approuver une opposition et arrêter de sortir le soir pour aller faire la fête. Ce type de renoncement ne nous accable pas, cependant, renoncer à passer plus de temps avec ceux qu’on aime, cela nous fait peur et nous fait nous sentir mal à l’aise.

« Être heureux, ce n’est pas de faire ce qu’on aime, mais d’aimer ce qu’on fait ».

Jean-Paul Sartre

On pourrait décider d’être toujours heureux et pourtant, on renoncerait à des buts dans le cadre desquels on sait à l’avance qu’ils comporteront des moments compliqués. Or, cette recherche obsessive du bonheur, du fait de se sentir bien à tout moment, ce n’est pas un signe de bonne santé mentale : dans la vie, on a aussi besoin de tensions, de déceptions et d’incertitudes.

Le fait d’instaurer le bonheur comme une norme culturelle peut conduire à notre perte. Une personne qui a un espoir et qui mène une lutte pour un idéal supportera davantage le mal-être qu’une autre qui considère le bonheur comme une condition indispensable.

Une existence qui a pu déjà avoir perdu son essence et son sens, tout ça dans le but de la vivre en étant toujours heureux, à chaque instant. La vie n’est pas un devoir, et le bonheur n’est pas une imposition. 

Source : https://fr.linkedin.com/pulse/le-bonheur-est-un-%C3%A9tat-pas-une-imposition-jean-philippe-nziengui?trk=pulse-article_more-articles_related-content-card

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