En marchant sur le chemin, je rejoignais un homme, quelque un peu affaibli. M’approchant de lui je remarquais qu’il portait un rocher. « Pourquoi portes tu ce poids, il te ralentit pour avancer sur le chemin de ta vie »? Alors, un peu essoufflé, il me répondit. « C’est une faute que j’ai commise, et je la garde sur moi. Plus jeune, j’ai fait une mauvaise action, je le regrette. Mon inattention est une erreur, ce rocher me rappelle ma douleur ».
Plus tard, je vis un autre homme tituber. À chaque instant il paraissait tomber, laissant échapper des pierres de ces mains qu’il s’efforçait de récupérer. La scène semblait sans fin, alors, je lui demandais : « toutes ses pierres, ici dans tes bras sont trop nombreuses. As-tu commis tant de fautes, pour qu’aujourd’hui ces pierres t’empêchent d’avancer »? L’homme, me regardant tout juste du coin de l’œil, occupé qu’il était. Il répondit avec orgueil : « je n'ai commis aucune faute, mais des peines, oui, et je les assume. Souvent, des tristesses m’ont beaucoup accablées, ces pierres sont là pour me le rappeler ».
Alors j’ai cru que les hommes devaient porter tout le poids de leur passé pour pouvoir grandir, plus le chemin de leur vie est ralenti par leur passé, plus ils deviennent forts. Je me souvenais enfin que personnellement, des fautes et des erreurs j’en avais commises aussi. En ignorant ce principe même de la vie, je faisais mon premier faux pas. Donc, je trouvais une pierre et je la ramassais, mesurant du même coup cette faute passée. Ayant eu de la peine pour ces hommes, je devais maintenant porter d’autres pierres pour eux. Et rapidement dans mes bras se sont accumulées toutes les pierres que j’avais oubliées.
Plus tard encore, et marchant lentement, je croisais un vieillard assis sur un rocher. Me regardant passer, le vieil homme me dit en souriant : « Te sens-tu mieux, maintenant que tu as vieilli? Les pierres que tu portes sont de lourds fardeaux. Espères-tu vivre plus longtemps, en fatiguant ton dos? Personne ne t’a demandé d’oublier tes erreurs, ta tête suffit, n’y met pas ton cœur. Si tu as eu des peines, tu dois en ressortir plus fort et non pas affaibli ». Étonné par ce nouveau jugement, je posai mes pierres. Le vieux avait peut-être raison, je m’assis à ses côtes, et regardais l’horizon. Alors, je découvrais un monde merveilleux, plein de beauté, et je me sentais mieux. Peut-être, ces rochers ne m’avaient servi à rien. À part user mon corps, mes bras et mes mains. Libéré maintenant de tous mes tourments, je redécouvrais la vie et ses joies. Occupé que j’étais à transporter mon passé, c’était donc le présent que j’avais oublié.
Enfin, le vieux se leva et reprit son chemin, puis il se retourna et me dit : « et si dans joie, la vie te parait aller trop vite, montes sur un rocher, c’est lui qui t’y invite ».
D’après une fable de Philistin Panger
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire