À
l’université de Vancouver, des chercheurs ont distribué des sommes d’argent
(entre cinq et vingt dollars) à quarante-six étudiants, demandant aux uns de
les dépenser pour eux-mêmes, aux autres d’en faire cadeau. À l’issue de
l’enquête, les premiers ont dit avoir ressenti un léger plaisir très bref. Les
seconds, qui avaient fait preuve de générosité, se montraient plus heureux à
long terme. Et donner de son plein gré, c’est encore mieux! La preuve : une
étude menée à l’université de l’Oregon, aux États-Unis, consistait à donner
cent dollars à des volontaires. Une partie de cet argent était directement
prélevée et transférée à une banque alimentaire. Les participants devaient ensuite
décider s’ils donnaient, de leur plein gré cette fois, l’autre partie à cet
organisme. Imagerie cérébrale à l’appui, dans les deux cas, les participants
ont eu du plaisir à aider la banque alimentaire : le système de récompense du
cerveau était activé. Mais le sentiment de bien-être était plus important chez
ceux qui avaient décidé de donner volontairement le reste de la somme.
À
l’université du Michigan, aux États-Unis, des chercheurs ont observé plus de
quatre cents couples de personnes âgées pendant cinq ans. À l’issue de
l’expérience, les partenaires ayant fait preuve de bienveillance et d’attention
l’un envers l’autre tombaient deux fois moins malades. La psychologue M.J. Ryan précise
que les gentils vivraient en moyenne neuf ans de plus que les autres. Son
explication : faire preuve de bonté renforce le système immunitaire. La
dilatation des vaisseaux sanguins est stimulée – ce qui est bon pour notre
système cardiovasculaire –, et le taux de lymphocytes augmente, nous
permettant de mieux résister aux maladies.
« De petits
dons, sous forme de pièces de monnaie ou de sucreries, permettent d’améliorer
la mémoire, la capacité d’apprentissage, la créativité et la résolution de
problèmes de ceux qui en bénéficient », assure Stefan Einhorn. Le cancérologue
suédois rapporte, dans son ouvrage L’Art
d’être bon, une observation étonnante : des médecins à qui l’on avait
offert de petits présents ont établi un diagnostic plus exact et plus rapide
que ceux qui n’avaient rien reçu. Ils ont également eu tendance à tirer moins
de conclusions hâtives.
Selon les observations d’IRM, les actes de générosité et de gratitude activent la partie du cerveau qui libère les endorphines. Et ces neurotransmetteurs sont doublement efficaces : d’abord, ce sont des antidouleurs naturels. Robert Emmons, docteur en psychologie et auteur de Merci! Quand la gratitude change nos vies est formel : « Dans un compte rendu récent d’une bonne vingtaine d’études, un psychologue a constaté que ces émotions positives, en stimulant la production d’endorphines, entraînent une moindre sensibilité et une plus grande tolérance à la douleur. Elles pourraient avoir des effets analgésiques, stimulant la production du cerveau en substances de type morphinique ».
De plus, les endorphines agissent contre le stress. Le chercheur américain Allan Luks a demandé à plus de trois mille volontaires de répondre à dix-sept questions sur ce qu’ils ressentaient lorsqu’ils se montraient gentils. 90 % des participants ont parlé d’apaisement. Baisse du niveau de stress, moins de sentiments d’hostilité et d’isolement : selon Luks, la gentillesse est un parfait antidépresseur!
C’est jouissif
Aux États-Unis, le psychologue Robert Ornstein et le médecin David Sobel, auteurs du best-seller Les Vertus du plaisir, décrivent ce qu’ils appellent le helper’s high. Cette euphorie ressentie par les gens généreux quand ils aident leurs prochains se traduit par une sensation de chaleur, des frissons, l’impression d’être à la fois plein d’énergie et très calme. Les chercheurs comparent ce plaisir à celui ressenti après un jogging. Dans les deux cas, ils constatent une forte sécrétion de sérotonine, ce neurotransmetteur appelé « hormone du bonheur ».
C’est motivant
Dans Cent Cinquante Petites Expériences de psychologie, le psychologue Serge Ciccotti rapporte les conclusions d’une étude sur la motivation et le bénévolat. Des participants recevaient un dollar à chaque fois qu’ils réussissaient à trouver, dans le temps qui leur était imparti, la solution d’un casse-tête présenté par un chercheur. Un autre groupe ne recevait pas cet argent. Une fois l’expérience prétendument terminée, on proposait aux sujets de participer librement à la résolution d’autres casse-tête. On s’est alors aperçu que ceux qui n’avaient pas été payés passèrent deux fois plus de temps que les autres sur cette nouvelle série. Conclusion : plus on est bénévole, plus on est motivé.
C’est contagieux
« Nous traitons bien ceux qui nous entourent si nous sommes bien traité nous-même », assure Stefan Einhorn dans L’Art d’être bon. Pour preuve, il rapporte cette expérience menée par des psychologues : après avoir fait passer des tests de connaissance à des volontaires, ils leur ont dit, sans tenir compte des résultats réels, s’ils avaient réussi ou échoué. Ils étudièrent ensuite leur comportement en deux temps. D’abord, le chercheur quittait la pièce, en laissant en évidence une boîte réservée aux donations. Ceux auxquels on avait dit qu’ils avaient passé le test avec succès se montrèrent plus généreux. Le chercheur revenait ensuite avec une pile de livres qu’il laissait « malencontreusement » tomber. Et les mêmes montrèrent plus d’empressement à l’aider à ramasser les ouvrages.
Source : psychologie.com
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